Catherine Quilliet et les nids de poule du réel

Catherine Quillet avec les mots les plus simples crée des récits d'une force particulière. Le monde actuel est là non sans fantaisie et ironie. La nouvelliste trouve chaque fois les mots pour dire, par-delà l'échange, des formes de solitudes au milieu de la performance "active" des êtres. Loin des simples histoires amour monnaie courant de la fiction l'auteure rompt avec un travail fondé uniquement sur des catégories purement identitaires ou sur la mythologie de la singularité. La puissance de ce livre repose  la question de l'écriture : ce qu'elle est et son enracinement. A l'inverse de l'écriture journalistique (dont ici Florence Aubenas serait le parangon ironisé)   l'écriture demeure l'inconnu dans la distance. Néanmoins cette approche par l'éloignement pousse à une véritable connaissance. Elle montre  combien la réalité d'un être (quel que soit son genre) échappe au pur discours comme à la seule ivresse de la sensation.  Et c'est parce que les personnages qui peuplent "La fuite" "sentent" plus ou moins consciemment leur “ inutilité ” - même s'ils la maquillent- peuvent nous faire sortir un peu de la notre (et de notre obscurité).  En ce sens de telles nouvelles sont cathartiques…

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Catherine Quilliet, "La fuite est un art lointain", nouvelles, editions Paul& Mike, Paris, 2015, 13 E. 216 p..

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