Natyot : de la poupée à l'être

                   


Il arrive un moment où il ne faut plus déduire du présent du passé mais en faire table rase dans un exercice de lucidité. Le recueillement et l’attente ne sont plus de saisons. Et le livre de Natyot le prouve dans des systèmes de scansion qui s’enchaînent comme des répliques propres au travail de performeuse. Dans la maison de l’être de la poétesse il n’y a plus quelqu’un d’autre qui tire les rideaux, les ficelles. Les ogres et leurs prières depuis longtemps sont tombés dans l’escalier.  Cela ne confronte pas la poétesse dans une nouvelle étrangeté mais la conforte dans sa liberté. Elle n’a plus besoin de donner des explications, de déplier tes raisons et peut se permettre de prétextes "bidons" pour claquer la porte à ceux et ce qui l’insupportent.  

Les grognements se changent en petits rires. Exit les histoires saintes et les contes de fées. La poétesse devient qui elle est, elle est ce qu’elle devient. N’importe quand, n’importe comment - mais plus n'importe où. Et voici le résultat électro-magnétique. Natyot se carapate loin du maelstrom d'émotions superfétatoires. Sa poésie n’est pas de celle où les sainfoins se teignent d’amarante et les genêts ploient dans la bourrasque. Ici houle poétique martèle compose avec  la farce humaine, la tordant au besoin dans une langue qui se donne tout l’air nécessaire.  Manière pour la poétesse de manier la trique pour faire avancer les ânes. Elle n’en perdra plus son âme et n’a plus besoin d’aller à ces points d’eau où s’abreuvent les hippopotames étranges.

Jean-Paul Gavard-Perret

Natyot, «  je n’ai jamais été mais il est encore temps », Editions Gros Textes, Fontfourane, 44 p., 10 E ., 2016

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.