Pope ou pas ? - Petrov

                   


Le livre de l’écrivain quasi inconnu Lev N.  Petrov est un chef d’œuvre. Tout se joue dans un croire voir là où les mots eux-mêmes deviennent douteux et ne cessent de cultiver l’ambiguïté. Force est donc, comme le demande l’auteur, d’ « imaginer » de cette « imagination morte » chère à Beckett, auteur que Petrov reprend quasi naturellement  à son compte.


Comme pour l'Irlandais, tout demeure objet à caution dans cette fiction drôle, grave et subtile : les dévotes y sont suspectes et le pope hypothétique : religieux ? Père ? Employé de voirie ? L’écriture devient « la tentation de la tentation » comme sa déception organisée. C’est là un régal d’intelligence critique.


Tout un monde est passé à la moulinette et plus seulement du régime politique. Les inflexions éraillées, dérangeantes du discours font merveilles. Gogol n’a qu’à bien se tenir tant cet illustre inconnu lui rive le clou dans les « grains fins, fermes et durs » de son  écriture. Elle ne se rencontre pas tous les jours. Et c’est un euphémisme.


Jean-Paul Gavard-Perret


Lev Nikolaïevitch Petrov, « Dans le passage un pope », trad. du russe par Pauline J.A. Naoumenko-Martinez,  Editions Louise Bottu, Mugron, 2016, 120 pages, 14 €



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