Guénane sur le fleuve de la vie

Il existe chez la trop méconnue Guénane une écriture rare.   Discrète, impitoyable et non sans humour elle fait entendre le concerto déconcertant / de l'océan humain.  Partant du réel elle le transforme  en un spatialisme. Son possible devient vrai dans la réalité. Les poèmes  ouvrent à une connaissance loin des effets de description par incrustations  spatiales.
Sa poésie devient sa maison par une machine à voir et ressentir. Par delà l'imagination et l'entendement Guénane offre un concevable physique comme une métaphysique. Écartant les lois duales de l'abstraction et de la figuration surgit un monde des perceptions des intuitions formelles capables de déplacer le regard.
Ce livre – comme ses autres – devient le fruit de la découverte empirique et de la réflexion. Celle qui se transforme de sorcière en sourcière,  crée un langage soumis à ses propres logiques. Son apesanteur répond à la lourdeur du monde qu'elle réoriente, reconstruit dans une vision communicable à qui ne passe pas outre ou ne se contente pas d'un regard distrait, réductionniste, chercheur de consensus normatif hâtif.
Soudain le lecteur distrait devient grenouille contemplative.

Jean-Paul Gavard-Perret

Guéanane, Sourcellerie, Rougerie, mars 2024, 64 p.-, 12€

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