Batman, tome 7 – Mascarade

Le Joker est de retour à Gotham. Après des années de combats contre le Chevalier Noir, il compte bien cette fois-ci déverser sa folie sur la ville toute entière et tuer Batman. Définitivement. Pour cela, il va transformer ses amis de la Justice League et l'ensemble de la population de la ville en psychopathes…


Depuis le début de son travail sur la série phare de DC Comics, Scott Snyder (The Wake, ou encore l'excellent American Vampire) est devenu en quelque sorte le « monsieur Batman » de l'éditeur, qui l'a même convoqué à redéfinir le Bat-univers grâce à la saga Batman Eternal, qui précède ces épisodes.


Avec Endgame, il confirme ô combien sa capacité à rejouer et transcender une confrontation pourtant maintes fois rabâchées au fil des années, je veux bien sûr parler du combat entre Batman et son ennemi éternel, le Joker. Dans Le Deuil dans la famille, Scott Snyder avait déjà travaillé cette opposition (à lire dans le tome 3), mais la puissance incroyable de son histoire s'était alors je suppose heurtée à la frilosité de DC Comics a en assumer les conséquences éditoriales : comprendre que toute la bat-family aurait dû y passer pour que Le Deuil dans la famille soit réellement poignant, ce qui, vous l'aurez compris, ne fut pas le cas, malheureusement.


Gotham : Scott Snyder a toujours énormément utilisé la ville du Chevalier Noir dans ses précédentes sagas, l'extraordinaire An Zéro en tête (ou même le moins connu Gates of Gotham, qu'Urban Comics pourrait rééditer, croisons les ). Si bien qu'on n'est guère surpris de retrouver des motifs connus, comme celui de la ville assiégée (l'ombre de Christopher Nolan n'est d'ailleurs jamais bien loin), ici par ses habitants psychopathes, dans une sorte d'ambiance crépusculaire à la 28 jours plus tard, particulièrement jouissive : un peu comme si la ville qu'il s'était juré de protéger se retournait contre son Chevalier protecteur.


Gotham, théâtre donc d'un jeu de massacre et d'une lutte. Et ici le mot important est théâtre. Snyder nous donne les clés de compréhension de son récit dès la première page (le théâtre de Gotham City) et une référence à la pièce Oreste d'Euripide. Rien d'étonnant à cela car tout sa saga fonctionne comme une tragédie grecque, final et deus ex machina compris. Voir la couverture du dernier épisode de la version originale pour s'en convaincre… L'ensemble relève donc autant de l'hommage manifeste à la tragédie grecque donc, au clin d’œil à la psychanalyse (le poignant final « fratricide » dans les entrailles de la ville), qu'au bilan de quarante épisodes brillants qui marqueront le personnage (de vieux « amis » de Batman font un – modeste – retour).


Rythmés et pleins de rebondissements, parfois effrayants, ces six épisodes qui composent Endgame nous tiennent ainsi en haleine et sont, à l'image des prestations précédentes de Snyder sur le titre (La Cour des Hiboux, L'An Zéro), d'une efficacité redoutable. Entre manipulations, action et révélations en tout genre, le récit ne manque pas d'attrait et offre des personnages dont les caractères et les motivations se révèlent peu à peu plus profonds qu'on ne pourrait le croire. Comme dirait l'autre : « rira bien qui rira le dernier »…



Stéphane Le Troëdec



Lire la critique de Batman, tome 6 - Passé, présent, futur


Scott Snyder (scénario), Greg Capullo (dessins)

Batman, tome 7 – Mascarade

Édité en France par Urban Comics (13 novembre 2015)

Collection DC Renaissance

19,00 euros

ISBN : 9782365778015

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