"Hysteresis", chaos final

Un auteur phare de la littérature jeunesse

 

On connait peu Loic Le Borgne, ancien journaliste devenu écrivain pour la jeunesse. Il s’est fait remarquer en 2008, en publiant Je suis ta nuit, roman d'épouvante paru aux éditions Intervista dirigées par Luc Besson, dans la collection 15-20. Ce thriller raconte les aventures d'enfants confrontés à un monstre sanguinaire en Bretagne en 1980 et a été  réédité par Le Livre de poche en 2010. Sur sa lancée, Loic le Borgne a inauguré une série, "Le Club des chevaux magiques" dans le genre fantastique à destination des 8-12 ans) qui connaît un certain succès. Hysteresis constitue sa première tentative pour les « adultes » (mais ne restons-nous pas jusqu’à la fin de grands enfants ? Vaste sujet) : l’examen de passage est-il réussi ?

 

Le monde d’après

 

Quarante ans auparavant, la civilisation s’est effondrée en Europe. À cause de la disparition du pétrole ? De l’effondrement économique ? D’une crise écologique ? On ne le saura jamais précisément mais le souvenir de l’effondrement  hante les nouvelles générations qui haïssent leurs parents et grands-parents, coupables de ne pas avoir respecté les lois de la nature. Le village de Rouperroux survit en tout cas, à l’ombre des carcasses des voitures rouillées. Arrive un étranger, Jason Marieke qui chante, joue de la guitare, sympathise avec le fils de l’aubergiste : il  lui apprend même à jouer au foot. Une aura particulière enveloppe Jason qui n’est pas tout à fait un étranger. Il a passé des vacances au village, avant la grande Panique et y a aimé une jeune femme, Gabrielle. Au fur et à mesure de son séjour, Jason s’étonne de trouver si peu de personnes de sa génération dans le village. Rouperroux cache des secrets qu’il veut découvrir, surtout lorsqu’il se rend compte que la vie de Gabrielle est menacée…

 

Le genre « post-apocalyptique » en folie

 

L’atmosphère d’Hysteresis oscille entre le fantastique et le conte (découlant  du choix effectué par l’auteur de raconter l’histoire du point de vue du fils de l’aubergiste). Cette communauté repliée sur elle-même évoque par exemple  les villageois arriérés de Deliverance de John Boorman. L’auteur utilise avec efficacité les carnets de Marieke, remplis de textes de chansons oubliés (Dylan, Morrison…), ce qui renforce l’aspect « conte » du récit.  Surfant sur la mode du post-apocalyptique, Hysteresis est en tout cas une vraie réussite. Vivement un autre, monsieur Le Borgne !

 

Sylvain Bonnet

 

Loic Le Borgne, Hysteresis, couverture d’Aurélien Police, Le belial, février 2014, 360 pages, 19 €

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