"Précis de bile noire", Maldoror tome 2



Le jeu des influences

 

Poe, Lovecraft, Kafka : voici donc le patronage revendiqué par Christophe Lartas et son éditeur pour ce Précis de bile noire. Il y a pire comme influences, dirait mon ancien professeur de français, monsieur Lejeune (qui s’y connaissait au jeu des influences littéraires). Mais un autre nom vient à l’esprit à la lecture de cet ouvrage, celui de Lautréamont. On retrouve ici la même hargne, la même volonté de destruction de l’ordre établi, de mise en cause du monde que chez Isidore Ducasse. D’avance, saluons bien bas le courage de l’auteur car convoquer Poe, Kafka, Lovecraft et donc Lautréamont, c’est faire preuve de goût, c’est aussi prendre des risques.

 

Poésie saturnienne

 

Christophe Lartas n’a pas choisi la facilité. Précis de bile noire est un concentré de noirceur et d’ombre, une attaque en règle de notre modernité, une compilation d’invectives féroces contre la société actuelle. Saturne, le 2e récit, raconte comment le monstre éponyme se met à dévorer hommes, femmes et enfants, soit 7 milliards de personnes (quelle fringale !), libérant ainsi la Terre de ce cancer qu’est l’humanité.

 

De la verve donc. Du style aussi, même s’il verse (un peu) dans la préciosité. Reste que Lartas vient après Lautréamont. Ce qui fonctionna avec Ducasse (et encore fallait-il que les surréalistes s’en mêlent) peut-il marcher ici ? Lire cet ouvrage est tout sauf facile. Le lecteur lambda sera écœuré ou tout simplement incrédule. Reste le parfum d’une aventure qui nous rappelle que la littérature est justement tout sauf facile. Et, comme dirait monsieur Lejeune, « il ne faut pas hésiter à prendre des risques parfois ».

 

 

Sylvain Bonnet

 

Christophe Lartas, Précis de bile noire suivi de Saturne, éditions de l’abat jour, mars 2014, 160 pages, 13 €

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