"Zombie un horizon de cendres", contre les morts point de salut


Le survivant

 

Né en 1937, Jean-Pierre Andrevon est un cas. Il est l’auteur d’un classique, les hommes-machines contre Gandahar (adapté en dessin animé par le grand René Laloux) mais s’est aussi fait un nom comme « leader » de la science-fiction politique des années 70, notamment en animant la série d’anthologies Retour à la Terre. Or ce courant, privilégiant un message politique gauchiste et écologiste typique de ces années un peu folles, a pris un énorme coup de vieux avec les années 80 et le triomphe cinématographique de sagas comme Star wars.

 

Cependant, Andrevon est pratiquement le seul auteur à avoir survécu de cette période car il a plusieurs qualités dont celle de savoir raconter des histoires originales (par exemple son roman Le désert du monde ou des nouvelles comme La réserve ou Salut Wolinski !) et d’être extrêmement prolifique. Egalement chroniqueur à L’écran fantastique, Jean-Pierre Andrevon publie encore et toujours : Zombie un horizon de cendres est ainsi la réédition d’un roman de 2004 au Belial, éditeur courageux et tenace.

 

L’apocalypse ?

 

Les morts sont de retour, surgissant de la terre qui les accueillait depuis des siècles. Le narrateur, employé dans un funérarium, les voit sortir de leur cercueil. La cause de ce retour ? On ne sait, peut-être l’effet de radiations inconnues. Au début, les vivants les regardent avec circonspection, s’émeuvent parfois du retour de proches (par exemple la femme du narrateur avec sa maman). Le président appelle au calme et au respect des morts. Seulement voilà, ils sont de plus en plus nombreux et ils ont faim. Le drame commence…

 

La recette de la réussite

 

Sans être un chef d’œuvre, sans être soi-même amateur de d’histoires de zombies, reconnaissons que Jean-Pierre Andrevon sait se montrer efficace. Il choisit une narration serrée, ramassée, à la première personne. De plus, il ancre le récit dans notre quotidien (l’histoire pourrait vraiment se passer demain).  Les vivants, dans leur combat contre les morts, savent s’organiser : ils choisissent de les massacrer et de les brûler dans des crématoriums (difficile de ne pas penser à certains événements du passé) mais cela ne fonctionne pas, ils sont bien trop nombreux. Une revanche de la nature contre une humanité bien trop prédatrice ? Telle est la morale de fin énoncé par notre écologiste radical qui, rappelons-le a écrit Le monde enfin, où l’humanité, réduite à quelques millions d’individus après une violente épidémie, devient stérile et cède la place au retour du règne animal…

 

Hommage aux films de George A.Romero, ce roman plaira aux amateurs de morts vivants et aux admirateurs de Jean-Pierre Andrevon.

 

Sylvain Bonnet

 

Jean-Pierre Andrevon, Zombies un horizon de cendres, couverture d’Aurélien Police, le Belial, septembre 2014, 230 pages, 15 €

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