"Le dernier loup-garou", du sang et du sexe

Auteur à succès

 

On a déjà parlé ici de Glen Duncan à propos de Moi, Lucifer, où l’ange déchu venait s’incarner dans le corps d’un écrivain raté et décidait de raconter sa vie (et quelle vie !). Duncan est aussi l’auteur d’une trilogie du loup-garou dont Le dernier loup-garou constitue le premier tome. Gros succès outre-manche, cette série de romans est intéressante à étudier en ce qu’elle révèle des modalités d’adaptation de vieux thèmes à notre époque.

 

La dernière chasse

 

Jake Marlowe offre le visage d’un homme raffiné et cultivé : il en fait un lycanthrope, un loup-garou âgé de plus de 150 ans. Chaque pleine lune, il lui faut dévorer un être humain et en retour, il jouit d’une quasi immortalité. Cependant, il a des adversaires humains, regroupés au sein d’une organisation appelé l’OMPPO, qui ont pourchassé son espèce au point que Marlowe est le dernier de son espèce. Fatigué de fuir, Marlowe est décidé à mourir des mains de son ennemi à la prochaine pleine lune. Cependant, derrière l’OMPPO, il y a les ennemis héréditaires des loups-garous, les vampires. Pire, Marlowe va rencontrer une femelle loup garou, Tallula. Pour la première fois depuis qu’il a perdu son humanité, Marlowe va tomber amoureux…

 

Le loup garou, métaphore de la société moderne ?

 

« Baisetuemange » : voilà comment Marlowe résume la lycanthropie et l’influence du Lukos (le démon du loup) sur sa vie. Et Marlowe ne pense effectivement qu’à coucher avec des femmes, d’où une profusion de scènes de sexe (tendance déjà présente dans Moi, Lucifer), alternant avec des descriptions assez gores (car Marlowe raconte sa vie) des massacres qu’il a commis. Ce faisant, Duncan révèle ici ce qui était suggéré dans le mythe du loup-garou, qui renvoyait l’homme à la malédiction de son animalité et l’adapte finalement à notre société consumériste. Doté d’une espérance de vie quatre fois plus longue que la normale, le lycanthrope amasse des richesses, couche avec qui il veut, profite de la société bien plus que la majorité des hommes. Là où le bât blesse, c’est que si l’auteur sait mener son histoire et nous tient en haleine (on a envie de savoir si Marlowe va ou non y passer), il ne sait par contre pas inspirer l’effroi (mais est-ce son but ?). Tout au plus est-on vaguement dégoûté par les descriptions gore des meurtres.

 

On attend la suite pour mieux juger.

 

Sylvain Bonnet

 

Glen Duncan, Le dernier loup-garou, traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Michelle Charrier, Gallimard folio sf, octobre 2014, 464 pages, 8,50 €

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