"Destination ténèbres", une pépite venue d'ailleurs

Frank Robinson, cet inconnu

 

Ancien de la Navy et vétéran de la seconde guerre mondiale, il devient journaliste pour playboy au début des années 50. Dans le domaine de la science-fiction, il a publié une vingtaine de romans, pour la plupart inédits en France, dont Le pouvoir (également édité chez folio SF), qui a fait l’objet d’une adaptation cinématographique, réalisé par Byron Haskin en 1968 sous le titre La Guerre des cerveaux (The Power). Frank Robinson est décédé en 2014.

 

La quête sans fin

 

Moineau, jeune astronaute, tombe d’une falaise lors d’une mission d’exploration sur une planète nommée Sethi IV. Rapatrié sur son vaisseau, l’Astron, il échappe de peu à la mort mais souffre d’amnésie, ne se souvenant pas de son identité, encore moins du reste. Aidé par ses camarades Corbeau et Ophélie, Moineau découvre peu à peu qu’il est embarqué sur un vaisseau chargé d’explorer l’univers à la recherche de la vie. Ce voyage dure cependant depuis des millénaires, sous la férule du Capitaine, Michael Kusaka, rendu immortel par la science terrestre. Les générations d’astronautes se succèdent  sur le vaisseau, les explorations se multiplient sans résultats. Les compagnons de Moineau résistent cependant au doute. Cependant, devant la volonté de Kusaka de plonger dans la nuit interstellaire pour rejoindre des systèmes solaires très éloignés,  la révolte commence à gronder et Moineau est sollicité par les rebelles. De plus, des souvenirs font irruption dans ses rêves. Ils appartiennent à d’autres « incarnations » de lui-même: le Capitaine n’est pas le seul à être immortel…

 

Un space opera pas comme les autres

 

Destination ténèbres rappelle d’autres romans (citons par exemple Croisière sans escales de Brian Aldiss) mais constitue cependant un cas littéraire (et pas seulement par la référence au capitaine Achab dans Moby Dick de Melville). Long, touffu, il faut être un lecteur patient pour arriver dans les cent premières pages pour comprendre réellement ce que voulait Robinson (à ce titre, il a effectivement emprunté beaucoup au thriller). Au final, malgré des imperfections et des digressions (selon les goûts, on peut estimer qu’elles servent le récit), Destination ténèbres emporte l’adhésion. Il est clair que Robinson a mis énormément d’énergie à écrire ce livre, à la fois humaniste et désespéré. Avis aux amateurs : lisez.

 

 

Sylvain Bonnet

 

Frank M.Robinson, Destination ténèbres, Gallimard folio sf, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean-Daniel Brèque, couverture de Manchu, mars 2014, 576 pages, 9 €

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