Une passion infernale pour Aeternia

Leth Marek est un gladiateur champion d’arène. De ceux qui d’un regard arrivent à connaître leurs adversaires. De ceux qui, d’expérience, savent s’ils risquent de mourir. Mais il n’est pas un esclave pour autant : dans son monde, les hommes se battant sur le sable gorgé de sang pour y chercher l’honneur et la gloire sont libres. Et lui, depuis dix ans, s’enchaine à cette arène pour les obtenir.

Il aurait pu cependant se passer de ce dernier combat. À quarante ans, il aurait peut-être dû raccrocher sa hache sur le mur et ne pas s’entêter à défendre son titre de champion de Morgoth. La jeunesse, représentée par Agvarion et sa nouvelle technique à l’épée, est bien décidé à lui ravir son titre. Tous les gradins hurlent en ce sens.

Dire qu’il venait d’acheter une maison dans la cité de Kyrenia, la paisible ville où le droit et l’intelligence priment sur la violence et la force. Un choix surprenant pour la retraite d’un des meilleurs gladiateurs du monde, qui se comprend toutefois : il va récupérer ses enfants, ses deux garçons, après des années d’absence. Leur mère, qui l’a quitté, les lui confie. Pour une simple raison : beaucoup d’or se gagne dans l’arène et les petits, cela coûte cher.

Mais entre cette paisible vie se tient le jeune loup et son armement à la mode, un culte itinérant vénérant un ancien dieu, une femme splendide, un aubergiste véreux, des Rédempteurs et une série d’assassinats. Leth Malek ne le sait juste pas encore. Enfin, si : il sait qu’il doit lever sa hache une fois de plus pour que la foule l’acclame.

 

De prime abord, le pitch de Aeternia est peu attirant : encore un univers rempli de violence et de guerres de religion avec un héros ne voulant s’y mêler mais que les évènements vont guider sur la voie de la vengeance. Ne peut-on renouveler la Fantasy ?

Qui plus est, dès la première page, l’auteur fait à nos yeux une erreur : reprendre un nom propre issu de l’univers de Tolkien. Cela donne le même effet que si un auteur appelait une ville Excalibur… Tous les initiés ne pourront s’empêcher de penser ainsi au plus grand méchant de la Terre du Milieu lorsqu’ils croiseront « Morgoth » et sortiront de l’ouvrage.

 

Et pourtant il s’agit peut-être d’un des meilleurs livres que nous avons lu ces derniers temps. Gabriel Katz signe un ouvrage splendide chez Scrineo. Son écriture arrive à entrainer un lecteur réticent sans aucun problème. La petite cette petite erreur de nom et le manque d’originalité sur la situation de départ ne comptent plus vraiment face à l’excellence du récit et la profondeur de l’univers qu’il déploie avec justesse : ni trop, ni trop peu. Bien qu’au final la fin ne surprenne pas quand on y repense, le lecteur, pris dans l’aventure, a du mal à refermer l’ouvrage sur ce cliffhanger. Voir il espère (très) rapidement la suite !

Un livre que nous conseilleront sans modération pour tout lecteur, amateur de Fantasy ou non !


Pierre Chaffard-Luçon


Gabriel Katz, Aeternia : la marche du prophète, Scrineo, 22 janvier 2015, 416 p. - 20 €

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