Le nexus du docteur Erdmann, l'avenir appartient au troisième âge

Innovation éditoriale

 

Les éditions Le Belial, à qui on doit la publication de nombreux livres marquants du genre, a décidé de lancer une nouvelle collection, « une heure lumière », dédiée aux romans courts ou novellas, forme peu pratiquée dans la littérature mainstream en France mais assez populaire dans le monde anglo-saxon. C’est heureux car nombre de récits avaient tendance à être mis de côté par les éditeurs qui les jugeaient trop longs pour des anthologies. On souhaite donc une longue vie à cette dernière-née du Belial.

 

 

Une spécialiste de la novella

 

Prix Hugo du meilleur roman court en 2009 pour le Nexus du docteur Erdmann, Nancy Kress était un auteur rêvé pour la nouvelle collection du Belial tant elle a accumulé depuis des années les prix pour ce type de récit : Hugo et Nebula en 1992 pour L’une rêve et l’autre pas, Nebula en 2007 pour Fountain of age, Nebula en 2012 pour Après la chute (publié en France par ActuSF) et enfin Yesterday’s kin en 2014 où elle a décroché les prix Locus et Nebula. Autant dire qu’on attend beaucoup du Nexus du docteur Eldman.

 

Premier contact à l’hospice

 

Physicien renommé, Henry Erdmann n’est plus qu’aujourd’hui un vieillard perclus de rhumatismes, en pension de retraite. Il continue cependant de donner des cours à l’université où le conduit l’infirmière Carrie Vesey, une jeune femme plutôt jolie qui a du mal à se remettre de sa séparation avec son ancien compagnon, Jim. Lorsque Henry est pris d’une violente douleur à la tête, il croit d’abord à une attaque cérébrale. Avertie, Carrie l’emmène aussitôt faire des examens à l’hôpital. L’état d’Henry Erdmann est normal, comme celui de tous les membres de la pension de retraite qui ont tous eu les mêmes symptômes. Et cela recommence… Esprit avisé, Erdmann enquête…

De l’art du récit humaniste

 

Nancy Kress réussit en 150 pages à nous poser les bases d’un mystère qui relève de la science-fiction pure (quelque chose essaie--il de prendre contact avec les esprits des retraités ?) et à nous interpeller au sujet de la place des personnes âgées dans nos sociétés modernes : du très grand art. Le nexus du docteur Erdmann est une novella où les interactions entre les personnages comptent autant que l’argument « science-fiction » : Nancy Kress tombe donc du côté de Theodore Sturgeon, une des meilleures filiations à revendiquer dans le genre. Ami lecteur, nous ne pouvons que te recommander que ce récit qui se lit vite mais soit prévenu : tu voudras le relire.

 

Sylvain Bonnet

 

Nancy Kress, Le nexus du docteur Erdmann, Le belial, « une heure lumière », couverture d’Aurélien Polic, traduit  de l’anglais (Etats-Unis) par Alise Poncero et Erwann Perchoc, janvier 2016, 160 pages, 9,90 €

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