Les Géants de la Montagne : mise en scène réussie d'un texte ampoulé.

Un mystérieux cylindre lumineux laisse apparaître dans ses contours des personnages à l’accoutrement et au comportement peu lisibles. Suite à l’arrivée de visiteurs, s’engage un dialogue entre ceux d’ici et ceux d’ailleurs, parlant un langage tantôt identique, tantôt différent. Une situation simple, presque vaudevillesque, transparaît dans les bribes de disputes qui conduisent les nouveaux arrivants à présenter leur périple. Leurs propos çà et là prennent l’aspect d’une mise en abyme. A son habitude, Pirandello joue de la proximité, voire de l’indistinction entre réalité et fiction, représentation et vérité, mais aussi entre magie et rationalité, mort et vitalité. Une leçon de sagesse à connotation mystique. La mise en scène est ambitieuse, utilisant au mieux le potentiel des acteurs, donnant à la pièce un cadre à la fois grandiose et humain.


Le plateau est en effet habité par cet antre dont le cœur restera inaccessible : lorsqu’il s’ouvre, c’est pour faire apparaître en vidéo des scènes fantomatiques et non intégralement explicites. Un beau texte, qui souffre de sa teneur didactique, laquelle brise trop souvent le dynamisme narratif. Nombre de propos sont en chausse-trappe, mais leur sens tend à se redoubler. La mise en scène est bien sentie, elle donne aux acteurs l’occasion de varier leur jeu, elle scande bien le propos du texte, qui paraît trop souvent alambiqué. C’est que cette grande œuvre pêche par son ambition : Pirandello excelle dans la légèreté, c’est où il est le plus incisif. Cherchant la profondeur, les mises en abymes et l’explicitation, il se montre trop souvent théoricien et perd de sa verve. Merci à la troupe et à son directeur Stéphane Braunschweig d’avoir su redonner de la vigueur à cette pièce un peu empâtée.


Christophe Giolito



Les Géants de la montagne de Luigi Pirandello ; mise en scène et scénographie : Stéphane Braunschweig


avec

John Arnold, Elsa Bouchain, Cécile Coustillac, Daria Deflorian, Claude Duparfait, Julien Geffroy, Laurent Lévy, Thierry Paret, Romain Pierre, Pierric Plathier, Dominique Reymond, Marie Schmitt, JeanBaptiste Verquin, JeanPhilippe Vidal.


Traduction de l'italien : Stéphane Braunschweig ; collaboration artistique : Anne-Françoise Benhamou ; collaboration à la scénographie : Alexandre de Dardel ; costumes : Thibault Vancraenenbroeck ; lumières : Marion Hewlett ; son Xavier Jacquot ; vidéo-animation : Christian Volckman ; maquillage et coiffures : Karine Guillem ; assistanat à la mise en scène : Amélie  Énon.


Au théâtre de la Colline, 75020 PARIS

du 2 septembre au 16 octobre 2015

relâche du 18 sept. au 28 sept. inclus.

du mercredi au samedi à 20h30,

le mardi à 19h30 et le dimanche à 15h30

création à La Colline, Grand Théâtre durée 1h45 environ


Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.