Kaleb, c'est si bon d'être mauvais !

Kaleb est un jeune homme plutôt bagarreur mais diablement séduisant, grand, beau, charismatique, il s'en sort toujours, comme s'il sentait comment manoeuvrer les gens pour arriver à ses fins. Mais à l'occasion d'une tension plus forte, d'une rage vengeresse qu'il a laissée le submerger, des sentiments mauvais se sont accumulés, et le déferlement de violence qui en naît va lui faire révéler son pouvoir : c'est un empathe, sorte de magicien qui agit par le contrôle des esprits, qui absorbe les sentiments des autres. Il vient de prendre conscience de son « don » et commence à tenter de l'apprivoiser. Absorber les émotions fortes des autres, la peur, la colère, s'en nourrir plutôt que de la laisser vous dévorer...

Entre la découverte de son don, son apprentissage, les transformations de Kaleb de gamin incontrôlable en jeune adulte conscient de sa particularité, c'est un roman d'apprentissage qui se met en place, à un rythme implacable. Véritable page-turner, Kaleb propose à chaque page d'éclairer le lecteur tout en l'enfonçant un peu plus dans l'expectative, car la somme des choses qui doivent être révélées est si incroyable ! Une chose est certaine, Kaleb est celui par lequel la prophétie s'accomplira. Mais agira-t-il pour le bien ou le mal ? est-il le destructeur ou le sauveur de l'humanité ?

« si le mal s'immisçait si facilement dans son esprit, c'est parce qu'il aimait le recevoir et lui céder. Parce que lui-même était mauvais. »

Quelle relation avec l'Islande, terre natale de cette mère qu'il n'a jamais connue ? Pourquoi son père a pris la fuite avec le bébé et déménagé tous les deux ans, ne revenant en France que 18 ans plus tard, comme par oubli d'une lointaine consigne ? Et pourquoi une armée secrète, menée par un colonel glacial et affuté comme l'acier, le suit depuis sa naissance comme si elle connaissait son secret, la nature intrinsèquement dangereuse de son don et avait pour mission d'en préserver la société dès qu'il ne serait plus contrôlable ? qui sont les Enfants du Volcan, EDV pourchassés et sur-puissants ? Et quel est cet homme à la peau si noire et au visage mangé par les ans qui parle dans la tête de chacun des protagonistes comme s'il les guidait tous et tissait un destin à chacun incompréhensible mais pour un final détonnant ?

« parce que la haine est le sentiment le plus pur qui soit, le plus durable… »

Un très bon roman à la carnation parfaite, qui mélange les mythologies et le polar, et l'auteur qui se cache derrière le pseudonyme de Myra Eljundir n'y est pas allé de main morte, comme si le masque lui laissait ouverte les portes à fantasmes où déverser tout son talent et toutes ses folies. Pour notre plus grand plaisir. Débordant, exhubérant, mené de main de maître, construit comme un scénario haletant, en un mot : jouissif !

Loïc Di Stefano

L'éditeur prévient : « Roman déconseillé aux âmes sensibles et aux moins de 15 ans », mais c'est juste en fait un très bon roman, sans public désigné.  

Myra Eljundir, Kaleb, Robert Laffont, "R", 442 pages, juin 2012, 18 euros


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