Rocket Girl, tome 1

2013, dans une réalité alternative. Pour mener son enquête sur une méga-corporation, une jeune policière du futur, Dayoung Johansson, voyage dans le temps jusqu'en 1986. À mesure que Johansson rassemble les indices dans le passé, elle comprend que le futur, son futur, n'a jamais existé !


Dans la trilogie Retour vers le futur, Marty McFly monte à bord de la plus célèbre des DeLorean et voyage de 1985 vers le 21 octobre 2015 (soit après-demain !). Le monde de 2015 est décrit tel qu'on l'imaginait en 1985. Dans Rocket Girl, le scénariste Brandon Montclare s'amuse à évoquer un hypothétique 2013 tel qu'on aurait pu l'imaginer en 1986. Ce qui explique la raison pour laquelle le 2013 qu'on nous montre dans Rocket Girl n'est pas notre 2013. Compliqué ? Pas vraiment, car Brandon Montclare, dont c'est le premier gros projet, mise tout sur le rythme de son histoire. Ici, on a pas vraiment le temps (!) de disserter sur les paradoxes temporels et les incidences des voyages dans le temps. Montclare préfère l'action à la réflexion. Dans la mesure où les voyages dans le temps sont, au mieux, compliqués à traiter de façon crédible, il fait le bon choix.


Rocket Girl porte donc bien son nom : ça fonce ! À l'image de son héroïne propulsée par son jet pack dorsal (référence à Rocketeer), l'histoire va vite, très vite. Avec la dose d'humour et de malice qu'il faut pour rendre le tour très agréable à la lecture. Si vite d'ailleurs, qu'à la fin de ce premier tome, les motivations de l'héroïne sont parfois un peu floue. Difficile d'en dire trop au risque de révéler certaines surprises, mais j'ai trouvé que Johansson prenait beaucoup trop de risques (détruire une réalité entière, tout de même) pour des raisons disproportionnées (lutter contre une méga-corporation futuriste omniprésente).


Le travail d'Amy Reeder soutient admirablement le travail du scénariste. C'est joli, élégant même, sans sacrifier les arrière-plans. Reeder dessine une héroïne avec la grâce d'un félin et la souplesse d'une gymnaste, le tout dans des environnements urbains aux designs réussis. Il se dégage de l'ensemble beaucoup d'énergie. L'humour n'est pas oublié, Amy Reeder ponctuant ses planches de références bienvenues aux années 80.


Accessible, malicieux, et plein d'humour, Rocket Girl parvient à se démarquer des autres récits de voyages dans le temps, avec un ton décalé et une ambiance graphique réussis. Et comme en plus à la fin de ce tome, Montclare propose une fin, dans le sens où l'album ne se termine pas sur un cliffhanger, difficile de bouder son plaisir. Reste à voir maintenant quel prolongement les auteurs vont bien pouvoir donner à l'histoire.



Stéphane Le Troëdec




Brandon Montclare (scénario) et Amy Reeder (dessins)

Rocket Girl, tome 1

Édité en France par Urban Comics (9 octobre 2015)

Collection Urban Indies

120 pages en couleurs sur papier glacé sous couverture cartonnée

10 euros (prix de lancement)

EAN : 9782365777056

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