Selina Kyle est donc devenue la nouvelle reine de la pègre de Gotham, après avoir choisi d’abandonner son costume de cambrioleuse. Son objectif ? Régner sur les différents clans de la ville pour mieux les contrôler et protéger les habitants. Seulement, la politique et la diplomatie ne suffisent pas toujours pour maintenir le calme, et une guerre des gangs menace de renverser le fragile équilibre instauré par Selina. D’autant plus que les règles ont changé à Gotham : l’arrivée d’un nouveau Batman, financé par les autorités, pourrait bien changer la donne. Et que faire de cette nouvelle Catwoman qui court sur les toits ?

DC Comics pourra dire un grand merci à Genevieve Valentine. Le temps d’une dizaine d’épisodes, elle a démontré que le personnage de Catwoman avait bien plus de potentiel que le rôle de voleuse sexy auquel on la cantonne bien trop souvent.

L’un des énormes points positifs de ces épisodes de Catwoman est de placer Selina Kyle dans une position de force qui colle parfaitement avec son tempérament. On aurait pu croire que ce rôle de caïd allait vite tourner court à cause de son impulsivité, Valentine écrit le personnage avec application, montre une Selina Kyle maîtresse d’elle-même, et parfaitement à l'aise.

Ces épisodes de Catwoman Eternal empruntent beaucoup à la saga cinématographique du Parrain, évidemment. Les rouages du monde du crime sont assez savoureux pour tenir en haleine : trahisons, manipulations, négociations et mensonges sont quotidiens dans la nouvelle vie de Selina. Surtout que Valentine pense à développer le casting entourant l’héroïne, en tenant compte des conséquences des autres séries DC Comics, Batman Eternal et Batman de Scott Snyder en tête.

Du coup, ces épisodes sont parfaitement raccords avec les aventures du justicier de Gotham, mais offrent un contre-point de vue très agréable, parce qu’un peu plus nuancé. Là où finalement Bruce Wayne a souvent le beau rôle, Selina Kyle mouille la chemise, et doit frayer avec une bande de requins.

Au dessin, David Melissa évite soigneusement de tomber dans le piège de la bombasse sexy. Il met gentiment tout l’héritage graphique du personnage au panier pour dessiner une Catwoman plus proche de nous, plus crédible. On est ici à des lieux de l’approche de Guillem March et ses poses ultra-sexy, par exemple. Et ce n’est pas un mal.

Dans les dernières pages, Valentine remet de l’ordre dans le monde du crime de Gotham, et laisse place nette au scénariste qui lui succédera. Dommage donc que ces épisodes à l’ambiance underground ne soient qu’un court interlude dans la vie de l’héroïne, ils sont ce que la série a connu de mieux depuis bien longtemps.

Stéphane Le Troëdec

Lire la chronique de Catwoman Eternal, tome 1

Genevieve Valentine (scénario) et David Messina (dessins)

Catwoman Eternal, tome 2 – Héritage

Édité en France par Urban Comics (27 mai 2016)

Collection DC Renaissance

152 pages en couleurs sur papier glacé sous couverture cartonnée

15 euros

ISBN : 9782365778572