François-Marie Arouet dit Voltaire (1694-1778), écrivain et philosophe français du siècle des Lumières.

La Henriade de Volaire : Résumé


Résumé : La Henriade de Voltaire (1724)

 

Voici le sujet du poème : Henri III est sous les murs de Paris qu’il assiège. Il s’est uni au Béarnais et charge celui-ci d’aller en Angleterre demander des secours à la reine Élisabeth. Bourbon part secrètement et essuie une tempête qui le force d’aborder à l’île de Jersey ; c’est là qu’un vieillard, doué de la science prophétique, lui prédit les destinées de sa race. Bientôt, reçu par la reine, il lui fait un beau récit des événements qui se sont passés en France depuis vingt ans : la lutte des partis, le massacre de la Saint-Barthélemy, le progrès de la puissance des Guises, les victoires que son courage a remportées sur les Ligueurs, le siège de Paris. Il obtient les secours qu’il espérait et revient en France au moment même où les assiégés, enhardis par son absence, menacent le camp d’Henri III. C’est à ce moment que la Discorde aborde sans déguisement Mayenne, le chef de la Ligue : elle ranime son courage, puis se rend à Rome où règne le pape Sixte-Quint. Là, elle prend la forme de la Religion, et s’unit à la Politique ; toutes deux viennent à Paris où elles soulèvent la Sorbonne et animent les Seize contre le Parlement. Aussitôt, la ville est en proie à une horrible confusion ; les factieux livrent à la main du bourreau les magistrats restés fidèles à leur roi, et soulèvent, par les prédications furieuses des moines, toutes les passions populaires. Dans ce désordre, le dominicain Jacques Clément, inspiré par le Fanatisme, se dirige vers le camp d’Henri III, est admis en présence du roi et le perce d’un poignard. Celui-ci, en mourant, reconnait Henri IV pour son successeur. Dans Paris, les États de la Ligue s’assemblent pour choisir un roi et exclure le Béarnais hérétique de la succession du trône.

 

Henri donne l’assaut à la ville ; il a déjà forcé les faubourgs et va pénétrer dans Paris lorsqu’un obstacle imprévu se dresse devant lui. C’est saint Louis, le père des Bourbons, qui lui apparait en songe et retient son impétuosité, au moment où il va mettre la capitale à feu et à sang. Pour récompenser le guerrier de son obéissance, le saint roi lui envoie un sommeil pendant lequel il remporte d’abord en enfer, puis dans le ciel. Mais le triomphe d’Henri ne peut être différé bien longtemps. En vain l’Espagne envoie le comte d’Egmont au secours des Ligueurs ; Egmont est tué à Ivry et Henri victorieux accorde la liberté aux prisonniers. Sa clémence, sa bonté, lui gagnent tous les cœurs ; bientôt Mayenne, son concurrent au trône, sera abandonné par les Parisiens qu’il a trompés et qui ne veulent plus être des rebelles. C’est alors que la Discorde tend un piège à Henri en lui faisant oublier le soin de sa gloire auprès de Gabrielle d’Estrée ; mais la voix sévère de Mornay l’arrache à ce honteux repos ; il vole aux combats ; la ville, livrée à toutes les horreurs de la famine, est nourrie par le prince généreux ; sa victoire est assurée, mais à la condition de changer de religion. À la prière de saint Louis, Dieu éclaire son âme d’un rayon de vérité. La rébellion fléchit aussitôt sous cet arrêt divin et Paris ouvre se portes à Henri IV.

 

Si l’on considère la Henriade sous le rapport de l’art, il est certain que ce poème ne peut à aucun titre être mis en parallèle avec les grandes épopées des temps anciens et modernes. Cependant on ne saurait nier qu’il ne renferme de grandes beautés littéraires. Le massacre de la Saint-Barthélemy est décrit avec une énergie d’expression peu commune ; l’assassinat d’Henri III est vraiment épique ; la bataille de Coutras est racontée avec l’exactitude de l’histoire et toute la richesse de la poésie ; la bataille d’Ivry mérite le même éloge ; enfin, de belles descriptions d’heureux épisodes dans le genre terrible ou gracieux, d’éloquentes harangues, des portraits pleins de vigueur et de vérité, font de la Henriade une des œuvres les plus estimables de la littérature française.

 

Le sujet ne permettait que le merveilleux chrétien, et Voltaire, qui ne croyait pas à la religion, l’a remplacé par des êtres allégoriques. Il a fait parler la Discorde, la Politique, le Fanatisme ; mais ces froides abstractions n’inspirent aucun intérêt. Il n’en a tiré un bon parti qu’une seule fois : c’est lorsque le Fanatisme sort des Enfers sous la figure de Guise, massacre à Blois, et vient dans la cellule du moine Clément lui demander vengeance et lui remettre un glaive pour frapper Henri III.

 

En général, c’est l’esprit qui domine dans la Henriade, tandis que dans les poèmes d’Homère, de Virgile et du Tasse, le génie seul se fait sentir. C’est par le mérite et la richesse des détails que l’ouvrage de Voltaire s’est soutenu ; c’est par les ornements du style qu’il brille et ces ornements appartiennent plus à l’esprit qu’au génie.

 

Le style de la Henriade pourrait parfois avoir plus de nerf, de chaleur et de précision, mais il est toujours d’une grande élégance et d’une clarté lumineuse. Cependant la versification si facile et ci brillante de ce poème a un défaut assez sensible : Voltaire ne connait pas la période Poétique ; ses vers sont tous coupés d’une manière uniforme et manquent d’art et de variété.

 

 

[D’après Daniel Bonnefon. Les écrivains célèbres de la France, ou Histoire de la littérature française depuis l'origine de la langue jusqu'au XIXe siècle (7e éd.), 1895, Paris, Librairie Fischbacher.]

 

»Voir la biographie de Voltaire

 

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