Sept nains sapent un conte majeur

On connait l'histoire originale de Blanche-Neige et les sept nains, on connaît aussi quelques variantes plus ou moins fidèles à la version dite canonique des frères Grimm. Avec Sept nains, Wilfrid Lupano et Roberto Ali vont carrément du côté d'Elle voit des nains partout et enfoncent la farce pour saper un conte majeur. 

Les septs nains sont les bouffons du roi, mais à la suite d'une mauvaise blague ("A douze ans, la femme se dessine, et à quarante elle se peint") qui n'a pas plu du tout à la belle-mère de Blanche, ils sont chassés du château. Le roi leur promet son soutien mais jamais au rendez-vous ne vient. Et voici les nains forcés de devenir mineurs, le roi a disparu, Blanche récure les sols et la marâtre règne sans partage.

En minant, ils découvrent un passage qui mène au château, explorent des passages secrets et, alors qu'ils cherchent la salle du trésor pour la piller, ils mettent sans le vouloir tout en branle : le benêt se promène seul et voit la marâtre se pavaner devant son miroir sans pouvoir retenir un "belle" en bavant ! et voici pour le miroir magique... 

La suite est de ce niveau, très second degré, plein de "fines" allusions et la fin décape littéralement le conte gentillet : le prince charmant aussi bien que les autres est redéfini par la farce un peu grivoise mais toujours très amusante et pas vulgaire : Blanche échappe à la mort aussi bien qu'aux tentatives des nains libidineux, au viol par le chasseur, et s'offre un avenir radieux. 

Un album qui mêle la transgression et la regression la plus "saine", avec des personnages poussés au comble de leurs possibilités, comme Simplet qui bave tout ce qu'il peut ! Un bon moment.

Loïc Di Stefano

Wilfrid Lupano (scénario) et Roberto Ali (dessin), Sept nains, Delcourt, septembre 2015, 64 pages, 15,50 eur
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