Christine Smilovici : tout ce qui reste

 

De manière ironique ou plus grave, Christine Smilovici est l’artiste des traces. Chaque série devient un chapitre d’enquêtes filées entre magasin de curiosité, palais des glaces et lieux d’absence. Surgit la force jusque dans la ténuité de certaines images.

Face aux espaces visuels proposés par l’artiste le regardeur est livré soit à l’errance, soit à la voyance puisqu’il doit reconstruire les narrations demeurées en souffrance ou énigmatiques au sein d’éléments parfois épars d'un « troupeau » ou d’un couple humain disséminé dans la crainte que la « vie s'inscrive en creux dans la masse du temps qui va continuer sa course » ou dans la certitude que la bouche n’embrasera plus l’être aimé.

 

Christine Smilovici crée un mode presque « solipsiste » d'existences. Chaque œuvre est "borderline" en divers jeux d’évocations sur lesquels l’artiste est capable de mettre des mots. Les corps ont parfois disparus mais les images (photographies, dessins, duplicatas, empreintes, etc.) créent une attente ou la manière mystérieuse d’en faire éprouver le poids.

 

Les œuvres constituent des gouttes allongées et pulsées là où paradoxalement tout semble sur le point de s'affaisser par effet d’absence ou en une succession d'imbrications et d'empiètements.  Chaque pièce possède un  appel particulier en une suite d'extensions réglées et mesurées. Sous la tranquillité trompeuse et nonchalante surgissent bien des innovations. Elles procurent une angoisse et un vertige.

Jean-Paul Gavard-Perret

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