Stephen Shore est un photographe de paysages particuliers. Il offre une narration bipolaire des lieux  : la beauté y est maquillée par des éléments perturbateurs. Il y introduit de manière parcimonieuse une présence humaine.

S’appuyant sur un goût de l’architecture décalée il interroge le réel. Il se s’agit pas de charmer le regard  mais de reconsidérer l’espace et la lumière afin d’obtenir des ambiances théâtrales aux résonances ironiques.

L’Americana se réduit à l’état de vestige dérisoire. Le lieu n’est (déjà)  plus qu'un  creux rongé et en dissipation. Il ne témoigne plus que d'un vain espoir. Parcourir ces photographies revient  donc à pratiquer un chemin d'errance. Une forme de  sophistication particulière est créée loin des faux semblants et des mascarades.

Jean-Paul Gavard-Perret