Henri, un jeune, artiste arrive sur l’île de B. bien décidé à retrouver Youna qu’il n’a pas vu depuis trois ans, dont il est toujours épris.

Mais la jeune femme qui a repris son activité d’herboriste, commencé à écrire ne tient pas à renouer avec lui. Bien décidée à s’isoler pour être libre de tout engagement, elle qui a répondu à l’appel "fort, irrésistible de vivre sa propre vie" n’entend pas y renoncer et rejette en douceur l’homme qui a fait tout ce chemin pour la retrouver. Dans le silence un peu inquisiteur de l’île, Youna qui a lutté pour être acceptée par les habitants ne peut le garder la nuit et lui suggère de dormir sur la grève. Sur cette trame minimaliste, l’auteur a écrit un bref roman poétique et délicat, comme en dehors du temps. Respectant l’unité de lieu et de temps, De terre et de mer est une peinture impressionniste, où autour d’éléments minéraux ou végétaux : une chapelle, un phare, un palmier exotique, passent un fermier et son vieux cheval, des gens qui se croisent, attentifs à cet étranger qui chemine sur les routes de Bretagne.

Les variations du ciel, les ombres portées du soleil ont leur importance, presque autant que la folie des hommes qui va bientôt rattraper ce coin de paradis.

Loin des livres de cette rentrée qui parfois avec bonheur, happent et s’approprient la violence de l’actualité, ce roman est une respiration, une caresse littéraire inspirée.

Brigit Bontour

Sophie Van der Linden, De terre et de mer, août 2016, Buchet Chastel, 160 pages, 14 €