Isabelle, après midi

Dans Isabelle l’après-midi,il y a beaucoup du Paris au mois d’août.
Dans les deux livresles amoureux n’ont rien en commun, l’un vient d’ailleurs, l’autre est mariée et leur histoire paraît vouée à une fin rapide dans un Paris du quartier latin des années soixante-dix pour le premier, dans la ville morte du mois d’août des sixties pour le second.
Pourtant, comme dans le roman de René Fallet, entre Isabelle, la Française déjà engagée et Sam, le jeune étudiant américain, le coup de foudre bouleverse le cours de leurs existences déjà bien balisées.

Lui doit repartir aux États-Unis pour la suite de ses études, elle compte fonder une famille avec son époux légitime. On a rarement vu projets plus antinomiques.
La traductrice, mariée à un homme en vue dans la ville où : tout le monde se connaît, ne veut ni aller au restaurant avec lui, ni même se promener de peur d’être repérée. 
Leurs rendez-vous ont lieu dans la petite chambre miteuse de la rue Bernard Palissy que loue Sam.

Entre la femme plus âgée, un rien fatale et l’Américain un peu balourd, l’osmose est parfaite, les après-midis torrides. C’est elle qui décide des rencontres et lui apprend l’amour dans ces années soixante-dix où la liberté est un maître mot.
Mais les contraintes les rattrapent : il rentre aux États-Unis, elle a un enfant. Il revient…
Leur histoire est un tourbillon dans lequel s’attirent les contraires, les situations impossibles. 

Isabelle l’après-midi est une éducation sentimentale tendre et violente, sans rebondissements ni coups de théâtre. Juste la vie de deux amants que tout oppose. La vie, telle qu’elle a été vécue trop brièvement, telle qu’elle a été rêvée, telle qu’elle aurait pu être si…

Douglas Kennedy qui habite quelques mois par an dans la ville-lumière qu’il connaît depuis toujours, décrit l’amour dans un  Paris empreint de charme et de nostalgie.
Le lecteur subjugué pense aux années vingt de Paris est une fête dans lequel Hemingway relate la seule période où jeune et pauvre il fût heureux avec son amour de jeunesse avant les trahisons, les divorces et la célébrité.
Le Paris de Douglas Kennedy, bien que plus contemporain semble offrir à ses amoureux un écrin d’un autre temps où tout semblait également possible.

Brigit Bontour

Douglas Kennedy, Isabelle l’après-midi, traduit de l'anglais par Chloé Royer, Belfond juin 2020, 312 p.-, 22.90 €

Aucun commentaire pour ce contenu.