John Cage : palais des spores

John Cage, de la nature première que constitue les chamipgnons, s'est fabriqué bien plus qu'une matière seconde pour sa recherche artistique. Dès 1954 il précisait : Je suis arrivé à la conclusion que l’on peut apprendre beaucoup de choses sur la musique en se consacrant au champignon.

L'élaboration complexe à laquelle le créateur soumet la musique électro-acoustique et minimaliste (et tous les autres arts qu'il cultive) s'éclairent ou s'éclaircissent (comme on dit d'une chevelure) par cette approche inattendue.

Chaque champignon et ses lambeaux ressemblent, grammaticalement parlant, à de paradoxales  incises, encore que cette tonalité d'incise ne vaille que par contraste avec le premier plan du territoire que Cage explore. A sa manière le champignon "s'incruste" en conséquence dans une oeuvre où le plus primitif rejoint le plus avancé voire conceptuel.

La singularité d'un tel ouvrage permet de comprendre ce qui a priori ne semblait pas devoir cousiner – c'est le moins qu'on puisse dire. D'un monde à l'autre Cage crée des sortes d'identification des vertiges.
Le moindre champignon peut prendre à ce titre à une dimension quasi "monumentale". Il reste la base d'une expérience directe du processus créatif au moment où l'artiste navigue dans ses oeuvres en cours.  La pulsion et les contraintes de leur approche trouvent dans les spores l’expression même de l’intériorité de Cage. On ne l'attendait pas au coin des bois. Et il s'y trouve parfaitement en son domaine.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

John Cage, A Mycological Foray - Variations on Mushrooms, Atelier Éditions 1, mai 2020, 2 volumes, 224 p.-, 55 $ (US)

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.