Gérard-Titus Carmel : steppe par steppe

 Gérard Titus-Carmel prouve que si un terrain est vite connu ses seuils ne sont pas évidents à saisir. C’est néanmoins ce qui l’intéresse en ses « Viornes et Lichens » qui  forment l’épiderme de la terre et de la création. Epure après épure, l'artiste accepte la débâcle contre la glaciation  : autant de l’être, de la nature que de l’image. Dessin après dessin surgit le peu qui reste. Il permet d’«embrasser » un lieu inconnu lorsque le paysage bascule. Cela demeure pour Titus-Carmel le seul ancrage sûr. Se mettre à  la lisière de la terre permet à la peinture de recommencer selon une perspective particulière : « non pas sur le motif, mais bien le motif ».

 

Entre « la crainte de sa défaillance » et l’espérance de la lumière. Titus-Carmel choisit toujours la ruse d’un mouvement de déplacement et d’épure. Le lieu d’investigation est donc celui où la référence s’entaille,  est prise à défaut sur un fil ténu en un travail dialectique entre la nature et la peinture. Il s’agit de perturber toute tangibilité afin de créer une tension, une attention nouvelle par des présences qui échappent au reflet, à l’apparence. Elles permettent de désincruster l’enfoui comme au fond d’un pli inaccessible terré ou perdu dans les méandres du monde.Titus-Carmel fait donc de chacune de ses œuvres une « épreuve » exemplaire, afin justement de produire un lieu qu’il nomme un  "point d’ouverture". Il ne cherche pas une manipulation qui clôt mais qui à l’inverse fait saillie et  pénètre en rompant avec la ressemblance pour la recherche d’une re-connaissance primitive. Elle ne cherche pas à reproduire une antériorité mais à prédire l’avenir.

 

(Les citations sont tirées de textes de l’artiste)

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Gérard Titus-Carmel, « Viornes & Lichens », Galerie Chantal Bamberger, Strasbourg, du 20 septembre au 25 octobre.

 

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