Dix bonnes raisons de ne pas lire "La Biche ne se montre pas au chasseur" d'Eloïse Lièvre

La Biche ne se montre pas au chasseur
raconte un désir d'enfant, une urgence à procréer, et l'angoisse monstrueuse qui s'empare de la narratrice lorsqu'elle comprend que ça ne viendra pas comme ça, qu'il faudra s'accrocher, lutter, s'évertuer pour que ça arrive enfin. Franchement, avouez, tous ces efforts ne sont furieusement pas tendance en cette époque de sept milliards de Terriens et de revendications anti-procréation pullulantes.   

La Biche ne se montre pas au chasseur est une mini-épopée gynécologique. Une bonne partie des personnages sont gynécologues ou assimilés, il y est question de sang, d'hormones, de matrice. Ces trucs de bonnes femmes, très peu pour vous. Et puis qu'est-ce que c'est que cette contradiction ? L'épopée, c'est héroïque, c'est guerrier, c'est viril ! Quel rapport avec l'appareil reproducteur féminin ?   

En même temps, frustration, pas de sexe entre êtres humains. La Biche cultive un goût certain de l'ellipse. Les scènes hot ont été coupées au montage. Même pas écrites en fait ! Un texte à trous, en quelque sorte. Vous pénétrez dans le palais de la pudeur. Il n'y a que des chiens et des chevaux qu'on voit bander.   

Il y a aussi un sujet caché, dont on ne peut rien dire sauf qu'il n'est pas facile-facile, mais, chut, c'est un secret. La Biche ne se montre pas au chasseur, c'est donc un peu la jolie pomme que la sorcière fait bouffer à Blanche-Neige, lisse, brillante, inoffensive de l'extérieur, poison dedans, croc, elle tombe morte. Ce livre vous prend en traître, assurément.   

Est-ce un texte féminin, féministe, misandrique, philandrique, épique, héroïque, gynécologique, anthropologique, zoologique, zoophile, bébéphile, infanticide, infantile ? Tout ça la fois peut-être ?   

La Biche ne se montre pas au chasseur pose des questions mais ne donne pas de réponses. Il va falloir penser par vous-mêmes, c'est fatigant.   

Ce roman veut le beurre et l'argent du beurre : un sujet de rubrique psycho de magazine féminin MAIS dans un style singulier, baroque, poétique (et ce n'est pas l'auteur qui le dit). Il faudrait choisir. Ce roman est donc est tout plein de choses simples et EN MÊME TEMPS de phrases longues qui s'enroulent autour d'elles-mêmes, de très courtes juste à côté (il faudrait choisir), et aussi d'images qui piquent les yeux.   

L'auteur est une pure inconnue, elle n'est que la fille de ses parents et porte un nom de bête couarde. Si encore elle s'était appelée Loup, Lion, ou Gazelle...   

C'est un premier roman, vous ne savez donc pas ce qu'il faut en penser, il vaut peut-être mieux attendre que d'autres se fassent une idée, c'est plus prudent.   

Pfff, l'éditeur habite à la campagne.


Eloïse Lièvre

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