Entretien avec Paolo Bacigalupi pour son nouveau roman Ferrailleurs des mers

Venu en France pour recevoir un nouveau prix pour La fille automatePaolo Bacigalupi, l'auteur de Ferrailleurs des mers a gentiment accepté de répondre à nos questions.



Avec Ferrailleurs de mers vous avez de nouveau reçu plusieurs prix importants. Fantastique non ? Surtout après l’accueil de La fille automate ?


C’est toujours merveilleux. Après le succès de La fille automate je me suis dit "je l’ai fait". J’ai obtenu de la reconnaissance, des récompenses. Puis avec Ferrailleurs des mers, je l’ai fait deux fois. Pourtant pour ces deux romans, ce fut une gestation différente. Ce fut très douloureux pour La fille automate. Mais j’avais apparemment fait un bon livre et je voulais continuer sur cette voie. Pour Ferrailleurs des mers j’étais par contre très heureux lors de l’écriture. Il y avait beaucoup d’éléments pour faire un bon livre, j’aimais les personnages. J’avais confiance, je me suis concentré pour faire une bonne histoire et le résultat fut là.


Pourquoi vous être orienté vers le roman jeunesse avec Ferrailleurs des mers ?


Mon épouse est institutrice et ses élèves aiment lire. Du coup j’ai eu envie d’écrire une histoire pour les jeunes comme aucune autre. La science-fiction est très spécifique et je voulais le leur montrer. Leur raconter une grande histoire, qui les absorbe. Je voulais leur parler de choses importantes plus adultes. La science-fiction permet de créer de nouvelles idées. J’aime beaucoup Neal Stephenson car avec lui la science-fiction crée le futur. On y parle aussi de nouvelles technologies que l’on a envie de posséder.


Pourquoi une histoire de pirates ?


Quand j’ai commencé à réfléchir sur cette histoire, on y parlait de marché global avec la mer comme vecteur de transport. Mais aussi de vastes complexes pétroliers marins, de navires donc il y a forcément des pirates dans cet univers !


Bien que destiné à un jeune public Ferrailleurs des mers aborde des sujets très adultes. On y parle notamment de parricide et la vision de la famille est très particulière


Quand j’ai commencé à l’écrire, j’ai imaginé des personnages avec un lourd passé dont le père de Nailer. Et je me suis dit qu’est ce que la famille ? Mes relations avec mes parents n’ont pas toujours été simples. La famille ce n’est pas forcément des liens du sang. C’est plutôt la capacité à prendre soin des autres. Nailer a trouvé une autre famille dans le roman, la sienne représenté par son père n’en est pas une. La scène où ils s’affrontent cherche à surprendre le lecteur, à aller au delà du simple roman d’aventures.


Les personnages, en outre, ont des attitudes et des motivations très ambiguës.


Ils vivent dans un monde intense où les repères ont changé. L’important est de survivre et de choisir, prendre une décision bonne ou mauvaise. Quand ils trouvent la fille par exemple doivent-ils la tuer ? Pour moi, l’important était de ne pas les juger mais de voir la réaction de l’humain dans ces situations.


Vous êtes parfois cynique ?


Ma vision du monde est cynique. J’ai peur de l’évolution du monde pour mon fils. Il peut brûler à tout moment. Comment sera-t-il pour lui dans vingt ans que vais-je lui laisser ? Qui s’occupera de lui ?


D’ailleurs vous parlez encore de crise de l’énergie, de fin du monde que l’on connaît. Une obsession pour vous ?


Lorsque j’écris, je transmets mes propres peurs. Les décisions que nous prenons sont égoïstes. Nous savons ce qui est mal pour la planète et nous le faisons pour des raisons futiles, pour que le jeu continue. Nous pouvons détruire la planète à force. Je lis des magazines sur l’environnement et je me renseigne sur l’énergie de substitution… Mais on a envie d’être aveugle de ne pas se rendre compte. Et les médias chez moi continuent à publier des nouvelles agréables juste pour faire savoir que l’on est heureux…


Vos prochains projets ?


Un nouveau roman jeunesse sur les zombies cette fois paraît à la fin de l’année. Puis il y aura un roman dans le même univers que Ferrailleurs des mers avec Tool comme personnage principal.



propos recueillis par François Verstraete


Remerciements à l’auteur pour son accueil et à Anne et Anaïs qui ont permis cet entretien



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