Celle qui a reçu un Opinel de son grand-père : entretien avec Clémentine Bossard

 L’œuvre de Clémentine Bossard ouvre une poétique où travaille l’énigme de l’imaginaire. Paysages et personnages nocturnes ou évanescents mais toujours troublants créent un absolu particulier. Le réel le plus cru n’y est pas pour autant sacrifié. Tout est présent de manière fragile et flottant dans des éclairages aussi froids que prégnants. La jeune  Suissesse s’inscrit peu à peu comme incontournable sur la scène artistique internationale.


Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ? La raison, le pipi, le soleil, la soif, la faim.


Que sont devenus vos rêves d’enfant ? Ils vont très bien!


A quoi avez-vous renoncé ? De renoncer, pardi.


D’où venez-vous ? D'un lot de spermatozoïdes de 1986.


Qu'avez-vous reçu en dot ? Un Opinel de mon grand-père.


Qu'avez vous dû "plaquer" pour votre travail ? Mes 12 heures de sommeil quotidiennes.


Un petit plaisir - quotidien ou non ? Réfléchir sous la douche.

Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ? Mon ADN.


Quelle fut l'image première qui esthétiquement vous  interpella ? Mon plus lointain souvenir c'était dans la chambre de ma mère. Je devais avoir 6 ans. Une image des nénuphars de Monet. Ma mère m'avait dit "regarde-les de près, ce sont des taches. Regarde avec le recul, non". C'était si simple, c'était très beau.


Et votre première lecture ? Peter Pan, de Loisel.


Comment pourriez-vous définir votre travail, la nudité ? J'essaie de comprendre comment on habille notre petit monde avec nos grandes idées. Et cela m'amuse, et me fait pleurer.

Quelles musiques écoutez-vous ? La seule musique que je n'écoute pas, c'est la "musique d'ascenseur". Je préfère dormir.

Quel est le livre que vous aimez relire ? Je les prends, je les consomme, et je les jette. Je suis une vraie salope avec les livres.

Quel film vous fait pleurer ? J'ai pleuré sur "One flew over the cuckoo's nest". Tout le temps. La musique. Ah, la musique, les images et une belle histoire! Tout est dedans. Magnifique.


Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ? Une sacrée bedoume.


A qui n'avez-vous jamais osé écrire ? A un proche.


Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ? Les fonds marins, sinon l'espace. Car je ne suis pas sûre de pouvoir les connaître un jour.


Quels sont les écrivains et artistes dont vous vous sentez le plus proche ? J'aime pas faire des listes. Sauf pour les courses (comme les grands).


Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ? J'aimerais bien recevoir des amis.


Que défendez-vous ? « Rien n'est tout blanc ou tout noir. Et le noir, c'est parfois le blanc qui s'est fait avoir. » (Romain Gary, La vie devant soi). J'essaie de jauger...


Que vous inspire la phrase de Lacan : "L'Amour c'est donner quelque chose qu'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas"? On n' est pas sorti d' l'auberge!


Que pensez-vous de celle de W. Allen : "La réponse est oui mais quelle était la question ?" "Vous aimez la réponse ou la question? - Oui"


Quelle question ai-je oublié de vous poser ? "Quelle(s) question(s) vous posez-vous?"


Entretien réalisé par Jean-Paul Gavard-Perret, le 16.7.14.

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.