Interview. David Nicholls : Une comédie romantique sur le divorce

Comme Nick Hornby ou Jonathan Coe, David Nicholls  figure parmi les meilleurs observateurs britanniques des mœurs contemporaines. Depuis le succès planétaire de son dernier livre Un jour vendu à plus de 5 millions d’exemplaires et traduit en 25 langues, on n’avait plus de ses nouvelles. Il revient avec une histoire d’amour qui tourne vinaigre et un homme prêt à tout pour faire revivre à sa femme leurs belles années et se rapprocher de son adolescent de fils.

 

Pourquoi avoir encore choisi une histoire d’amour comme dans votre précédent livre, Un jour ?

Parce que j’aime vraiment ça ! Dans Un jour on suivait mes personnages sur vingt ans et ici aussi. Mais la différence est qu’ils avaient 20 ans dans le premier livre, alors qu’ici ils ont la cinquantaine et ont tout un passé derrière eux. Je travaille par flash-back pour reconstituer ainsi leur histoire. C’est une comédie romantique, mais sur la fin du désir, la désintégration du couple quand les habitudes prennent le dessus.

 

Vous n’êtes pas tendre avec vos personnages.

Oui, Douglas est un scientifique coincé, qui a du mal à s’exprimer sur des matières intimes et laisse à Connie le soin d’organiser leur vie. Il est insupportable, le genre à laver la cuisine quand on essaie de lui parler, il ne sait ni danser, ni s’amuser, seulement travailler tandis que Connie sa femme est son exact opposé. Et Albie leur fils est en pleine crise d’adolescence, en colère contre un père aux abonnés absents émotionnellement.

 

Comment vont-ils évoluer ?

Quand Connie demande à Douglas  de divorcer, celui-ci lui répond que c’est impossible. Ils ont prévu un voyage au long cours entre Paris, Venise, Amsterdam, Madrid, bref le grand tour d’Europe comme il était de bon ton de le faire au siècle dernier chez les Britanniques. Mais rien ne va se passe comme prévu et ces vacances vont tester les liens de toute la famille, faire émerger les problèmes et peut être leur permettre de trouver une solution originale.

 

Pourquoi avoir choisi de faire raconter l’histoire par Douglas, celui qui semble a priori coupable de la situation ?

C’est comme si l’histoire de Madame Bovary était racontée par le mari ! (Rires) Douglas a sûrement des défauts, mais il aime sa femme et son fils et veut profiter de ce voyage pour resserrer les liens et conserver une famille. Il m’émeut donc. Bien entendu tout tournera mal pour lui.

 

La vie de ce couple est gangrenée par l’infidélité, les regrets et aussi le deuil. Pas vraiment de quoi pleurer de rire, a priori, non ?

 Oui, mais j’ai choisi de le traiter par l’humour. J’aurai pu écrire un livre très sérieux ou très combatif sur la fin d’un mariage, j’ai préféré m’amuser avec ce point de départ. Et la fin n’est pas un happy end comme on s’y attend tout en restant positive.

 

Le livre a-t-il été bien reçu en grande Bretagne ?

Oui ! À mon grand étonnement, il a figuré dans la liste du Man Booker Prize, ce qui est très rare concernant un roman comme le mien et je suis en discussion pour une adaptation télévisée.

 

Propos recueillis par Ariane Bois (avril 2015)

 

David Nicholls, Nous, traduit par valérie Bourgeois, Belfond, avril 2015, 496 pages, 22 euros. 

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