La suite ! la suite ! chantaient les enfants Malaussène. Vieille rengaine. Quand on aime on ne compte pas. Jules Verne aussi. Bercé dans sa jeunesse par les Robinsons (le Crusoé de Defoe et le suisse de Wyss) il succombe à la tentation d’y ajouter sa touche… au crépuscule de sa vie. Lors d’une sortie sur la Loire, sa yole prend l’eau. Il se réfugie sur un îlot. Dès le pied posé sur la terre ferme, il se voit construire une cabane. Vivre de pêche et de rêves. Mais la marée le rappelle à la réalité. Qu’à cela ne tienne. Son fantasme verra le jour… dans plusieurs livres !
L’École des Robinsons nous montre un Jules Verne prophétique qui s’amuse à déconstruire l’original. Une fantaisie littéraire qui joue du miroir de la fiction dans la fiction. On suit les réactions d’un jeune homme et de son professeur de maintien embourbé dans une aventure. Laquelle s’avère plutôt un concept mis en pratique à des fins de formation.
Deux ans de vacances suit les élèves d’un pensionnat échoués sur une île. On retrouve parfois l’esprit des enfants perdus de Peter Pan, tiraillés entre solidarité et indépendance. Mais face au danger, le groupe se ressoude.
Enfin, Seconde partie s’émancipe du héros de Wyss et multiplie les invraisemblances. Mais n’est-ce pas ce que l’on attend d’un livre d’aventures ? Ce récit d’une colonisation heureuse (sic) témoigne de l’esprit de la société de cette fin de XIXe siècle. Et ouvre les champs des possibles que Michel Tournier et Patrick Chamoiseau vont emprunter par la suite…
La particularité de cette édition est de reprendre les textes originaux de la publication au format grand in-8 avec les gravures reproduites à l’identique. 

Annabelle Hautecontre

Jules Verne, L’École des Robinsons et autres romans, édition publiée sous la direction de Jean-Luc Steinmetz, avec la collaboration de Jacques-Remi Dahan, Marie-Hélène Huet et Henri Scepi, 218 illustrations, Bibliothèque de La Pléiade n°670, Gallimard, février 2024, 1264 p.-, 65€ jusqu’au 30 juin 2024 puis 69€