Harriet Lane, Le monde est beau : Féroce et intelligent
On appelle cela des circonstances atténuantes ou la chance d’une vie,
quand bien même c’est la mort qui sonne ici ! Une nuit, sur une route de
campagne anglaise, Frances Thorpe croise une voiture accidentée et recueille
les derniers mots d’Alys Kyte. Sacrée introduction pour une famille
meurtrie ! Frances ne résiste pas à l’attrait de la lumière. Lawrence Kyte
est un écrivain célèbre, beau gosse, charmeur, talentueux, il a dédié chacun de
ses livres à son épouse. Teddy et Polly, leurs enfants, sont brillants, un rien
pédants. Frances gagne l’amitié de Polly et la confiance de Teddy. Le
rayonnement des Kytes est contagieux. Frances devient intéressante puisqu’elle
fréquente des gens intéressants. Son travail de journaliste s’en ressent. Elle
grimpe les échelons à une vitesse supersonique et écrase de ses stilettos tous
neufs, ceux qui pouvaient lui faire ombrage. Frances s’excuse à chaque fois.
Lawrence Kyte a besoin d’une oreille compatissante, Frances lui offre beaucoup
plus et prend ce qui ne lui revient pas. Femme de l’ombre, elle l’a été toute
sa vie, il est hors de question de continuer ainsi. La jeune femme bien
ordinaire est devenue une fascinante créature sans que personne ne s’en
aperçoive. Il est déjà trop tard, Frances Thorpe s’est gorgée de lumière, et
son monde est beau. Personne ne lui enlèvera. Harriet Lane relate avec talent
l’irrésistible ascension d’une femme insaisissable et troublante. On oscille
entre la fascination et la peur. Féroce et intelligent.
Stéphanie des Horts
Harriet Lane, Le monde est beau, traduit par Amélie de Maupeou, Éditions Plon, coll. « feux croisés », octobre 2012, 250 pages, 21 €
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