Saphia Azzeddine, Combien veux-tu m'épouser ? :
Le lecteur nage en plein conte de fée façon Paris Match mais très vite sous la plume acide de Sapphia Azzeddine, la belle histoire dérape.
Il est impossible pour Tatiana de situer Philip sur l’échelle sociale. Personne dans ses relations surinformées ne le connaît, il n’est pas sur Facebook, n’a pas suivi les cursus des gens de bonne famille. Sa sœur le prend en grippe. Petite jalousie ou crise plus grave, pour celle qui se rêve écrivain et n’est parvenue qu’a dessiner un lampadaire, elle enquête.
Le père qui n’est pas dupe de la valeur de ses filles soupire : il ne s’attendait pas à ce que Tatiana lui présente un prix Nobel mais là….trop de mièvrerie l’achève.
Le pauvre Philip ne trouve grâce qu’auprès de la mère dont il feint de partager la passion subite : les œufs de Fabergé. Pourtant il ne fait pas non plus partie de son casting idéal : elle aurait rêvé pour ses filles d’un noble, même pauvre. Les soirées en regorgent et la famille a suffisamment d’argent pour redorer une particule à l’or fin.
L’enterrement de vie de jeune fille se passe en Californie, le mariage a lieu en Toscane chez les Coppola. Le diadème vient de chez JAR, la robe est haute couture, les invités triés sur le volet.
Tout est parfait sauf l’énorme surprise du jour J concoctée par la sœur.
Donnant tour à tour la parole aux différents personnages du roman, Tatiana, Philip, les parents, la sœur, les amies, les employés de maison, Sapphia Azzeddine réussit une satire sociale parfaite. L’analyse, la drôlerie et le pathétique se mêlent à un sens de l’observation pointu. Coups de théâtre et rebondissements ponctuent ce roman du monde cruel des grandes familles « dans lequel, on rate souvent ses enfants ».
Brigit Bontour
Saphia Azzeddine, Combien veux-tu m’épouser ?, Grasset, mai 2013, 332 pages, 17,90 euros.
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