Les apprentissages de Giorgio Vasta et Ramak Fazel

Les trois personnages de Giorgio, Silva et Ramak, nous emmènent un voyage vers le vide mais pas n'importe où. Ce récit du manque ou d'un épopée au bout de l'épopée propulse dans l’espace infini des déserts de sable et des boues comme des discours des guides qui véritables comédiens inventent le réel à coups de fictions dans les marges du rêve américain et la décharge du temps. S'y croisent un cimetière d’avions en plein Arizona, une virée en barque parmi les alligators, une visite dans les mines de Tombstone, les villes fantômes etc.
Nous voyageons ainsi non pour croire se connaître et consommer mais être consumés. La langue de Giorgio Vasta et les photographies en couleurs de Ramak Fazel évoquent la perte, l'absence, l’abandon, bref le désastre dans un parcours  de 8000 km dans les déserts de l’Arizona, du Nouveau-Mexique et du Texas puis dans les bayous de Louisiane : entre ruines et rencontres improbables (crocodiles, anthropophages).
D'où cette cartographie (improbable ?) du vide et de la disparition qui commence sur un rêve de l'auteur : on lui  volé quelque chose mais il ne sait pas quoi...  La dérive est totale dans cette exploration autant extime (les USA) et intime (les profondeurs de l'inconscient et ses fantasmes). Tout ici devient étrange :  boutique Prada dans le désert, rencontres plus ou moins fantomatique.  Il s'agit d'une manuel brillant d'anti-exotisme où le rien sert de tout.

Jean-Paul Gavard-Perret

Giorgio Vasta, Ramak Fazel, Absolutely Nothing, Histoires et disparitions dans les déserts américains, traduit de l’italien par Louise Boudonnat, coll. Terra d’altri, Verdier, juin 2023,  336 p.-, 24€

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