L'Histoire de France, mais quelle histoire ?

En ces temps troublés où tout un chacun réécrit l’histoire de France, voici une initiative exemplaire. Français de souche, Gaulois, Francs, d’où venons-nous réellement ? La France a-t-elle toujours été la France ? Qui avait-il avant ? Terre de passages, carrefour des civilisations, les migrations furent légions sur nos terres… Il fallait donc y voir plus clair. Pour cela Folio Histoire reprend pour tous (dix euros chaque livre) cette épopée… historique que les éditions Belin osèrent. Pas moins de 13 volumes. Histoire d’en finir avec les allégations. Les fantaisies. Les négations.
La mondialisation a beau jeu. L’hyper connexion aussi. Car tout n’a pas toujours été transnational. Les peuples et les pays ont aussi eu une autre manière de concevoir l’espace. L’autre. Il y a donc une première analyse à faire : l’histoire ne s’écrit plus aujourd’hui comme au siècle passé. Et la pensée unique n’a pas sa place dans cette discipline. Il n’y a pas de formule magique pour dérouler le temps. Ainsi ces treize volumes abordent une démarche plurielle, diverse, inventive. Elle ouvre surtout aux débats d’idées. Elle propose des vérités et permet la diversité des opinions, des problématiques, des enjeux.
Ces ouvrages militent et témoignent pour une Histoire de France qui n’est pas figée dans une et une seule certitude. Comme certains l’affirment un peu trop fort dans les discours politiques. Il n’y a jamais de certitude ni de vérité préétablies…

Alors, avant la France, quid ? Le désert ? Certes non. De 481 à 888, on voit cependant de drôles de choses au royaume de France. Les Mérovingiens sont cinglés, sanguinaires et totalement incultes ! Les Carolingiens sont des prosélytes de la foi chrétienne. Et des conquérants qui ont les yeux plus gros que le ventre. Avoir toute l’Europe occidentale dans sa besace est, finalement, un point faible. Comment gérer autant de peuples ? Regrouper tout le monde sous la bannière Francie fait, au contraire, ressortir la mosaïque des communautés régionales qui ne veulent rien entendre.
 

Quand un semblant d’union se fait jour, c’est au tour des Capétiens de gouverner. Le royaume devient une entité politique de premier plan. Mais le souverain persiste à se présenter comme le roi des Francs et non le roi de France. Il n’y a pas encore de sentiment d’unité nationale. Et si ces siècles de féodalité, longtemps décrits comme des siècles de fer, seraient, au contraire, le véritable instant du décollage européen ? Partout ce ne sont que dynamisme économique, expansion chrétienne, mutations sociales. Le tout affirmant l’ordre seigneurial qui dissout les derniers vestiges carolingien…

On le voit, les évolutions furent plus nuancés que le dogme d’une mutation rapide nous aura jadis enseigné. Il est toujours intéressant de regarder dans le rétroviseur. Malgré ce qu’en pensent les jeunes générations, on ne vient pas de rien. On ne s’est pas fait tout seuls… Notre société est le fruit d’une longue évolution. Encore faut-il reconnaître ce que l’on doit au passé.
Donc à l’Histoire.

Annabelle Hautecontre

Geneviève Bührer-Thierry & Charles Mériaux, La France avant la France 481-888, Folio Histoire, septembre 2019, 784 p.-, 10 €
Florian Mazel, Féodalités 888-1180, Folio Histoire, septembre 2019, 912 p.-, 10 €

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