Odes de là pour Philippe Sollers

C'est presque une question de principe : à qui se mêle de vouloir faire l'éloge de Sollers il faut user ni de la goujaterie ni du dithyrambe même si l'auteur fut taxé de son vivant de tels prurits. Mais une fois lui-même éteint, les veilleurs se font généralement plus anges que démons.
C'est ce qui arrive en cet extrême onction où  des renards se retrouvent en tendres agnelets que cela en devient parfois délétère. Néanmoins nous ne citerons personne par charité sinon chrétienne du moins catholique et romaine eu égard aux dupes du père que Sollers en grand timonier se plaisait à jouer Tel Quel avant d'opter pour L'Infini
Bref pour les reconnaître il suffira de ressortir les armoires à archives et à claques afin de  rigoler un peu. Néanmoins il ne faut pour autant pas jeter tous les bébés de cet hommage avec l'eau d'un tel bain.  Outers, Schuhl et Josiane Savigneau, et ce ne sont pas les seuls, ont su décrypter ce pape clandestin d'une divine (enfin presque) comédie humaine et littéraire qu'il a su marquer de son sceau. L'oint de son intelligence redoutable faisant le reste.
Il y avait du Sartre en lui et c'est pourquoi d'une certaine manière il lui succéda au firmament du Kamtchatka littéraire mais avec en supplément ce qui manqua le plus au premier : l'humour. Cette qualité ne va jamais sans l'amour. Sartre en manqua, pour Sollers les siennes le comblèrent. Même si pudiquement, sans doute, ceux qui ici prennent la train pour l'accompagner font sur le sujet une impasse majeure. Noblesse oblige et l'on s'en félicite.

Jean-Paul Gavard-Perret

Collectif, Hommage à Philippe Sollers, Galimard, novembre 2023, 144 p.-, 12€

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