Kate Atkinson, Une vie après l'autre : Tout fait sens

Février 1910 : Ursula Todd naît dans le joli manoir au nom bucolique de Fox Corner. Elle meurt aussitôt, le cordon ombilical entouré autour du cou. Heureusement le médecin de famille est là et la ramène à la vie. Son existence va être dès lors ponctuée par ses morts multiples et variées. A cinq ans dans les vagues d’une plage, à dix ans,  à la maison, à vingt ans après avoir tiré sur Hitler dans un café de Munich… à chaque fois, elle ressuscite et déconstruit l’idée d’un roman mené de façon linéaire.

Au début pourtant, la famille Todd est on ne plus conventionnelle bien que charmante dans ce royaume britannique du début du siècle : le père est banquier, la mère élève ses enfants dans l’amour de la nature, l’observation d’énormes Shires, de beaux chevaux de labour, d’un chien, Bosun » portant le nom du chien de Byron », de lapins de garenne…


Les évènements ont peu de prise sur cette famille soudée. Mais l’intelligence diabolique et l’imagination sans bornes de l’auteur bouleversent la vie d’Ursula et de ses proches. Vivant cent vies à la fois, le personnage de la jeune  femme éblouit et subjugue le lecteur. Et qu’importe si parfois le même fait est raconté deux fois de manière différente. On y croit, on est embarqué dans ce tourbillon fou qui ne s’arrête qu’à la fin du livre.


Au delà de l’exploit d’écrire ainsi un roman sans la moindre chronologie, la grande réussite de Kate Atkinson, déjà lauréate de nombreux prix Outre manche, dont les prix Costa et Whitbread book of the Year est de perdre totalement son lecteur dans un foisonnement d’évènements, d’époques, de personnages époustouflant. A priori, rien ne s’assemble mais au final, tout fait sens pour le plus grand bonheur de lecture vécu depuis longtemps. Un livre rare.


Brigit Bontour

 

Kate Atkinson, Une vie après l’autreGrasset, janvier 2015, 528p., 22,50 €

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