Tous antisémites ? Alain Badiou & Eric Hazan analysent cette manie de voir de l’antisémitisme partout

Vous avez remarqué ? Chaque fois que l’on veut faire taire un contradicteur on lui balance à la figure qu’il est antisémite, même si cela n’a aucun rapport, comme par exemple, le fait de refuser de croire à la version officielle du 11-Septembre. 

Alors, s’il est une tendance actuelle à s’indigner pour un oui pour un non, il convient d’oublier la plaquette de Stéphane Hessel (qui ne fait rien d’autre qu’enfoncer des portes ouvertes) pour se pencher sur un authentique mini livre-maxi vérité : voici un précis de lucidité en soixante pages qui vous démontrera comment des imposteurs se jouent de l’opinion publique pour jeter l’anathème sur ceux qui ne veulent pas abonder dans le sens commun, qu’il soit véhiculé par l’empire étatsunien et sa doctrine néolibérale ou de pseudos intellectuels issus d’une gauche radicale désormais toute vendue aux sirènes du marché et de la petite bourgeoisie...
J’ai nommé l’antisémitisme brandi à la criée des JT et autres médias corrompus pour tenter de marquer à jamais le résistant, le pourfendeur de conscience ou l’objecteur d’idéaux.

Fort heureusement, tous les vigiles ne sont pas morts de peur et brandissent encore haut la morale comme le dernier étendard de l’humanisme oublié : ce sont Alain Badiou et Eric Hazan qui jettent ici un pavé dans la mare de l’hypocrisie. Saisissez vous donc de ce livre-là, et gageons que vous ne serez plus le même après : les vessies que d’aucuns vous tendent en guise de lanternes recouvreront leur juste place : le caniveau.

Oui, le caniveau qu’un BHL, par exemple (mais d’autres aussi sont cités, en vrac : Pierre Assouline, Alexandre Adler, Nicolas Weill, André Glucksmann, Claude Lanzmann, André Taguieff, Alain Finkielkraut, etc.) devraient au plus vite recouvrer pour y déverser leurs ineptes analyses politiques qui se basent sur un jeu de déductions totalement infondées : "l’anticapitalisme a pour noyau l’antiaméricanisme, l’antiaméricanisme a pour centre l’antidémocratisme, et l’antidémocratisme - c’est là que se fait le saut ultime - a pour pivot l’antisémitisme." Et dire qu’un grand nombre de gens gobent encore ce genre d’imbécillité... qui ne visent qu’à soutenir l’ordre en place, lutter contre le communisme, supporter l’armée américaine "dernier rempart des libertés", défendre Israël et surtout... travailler à son autopromotion !

Mais revenons au cœur du sujet : d’abord, comme nous le rappellent les auteurs, l’antisémitisme - le vrai ! - "n’existe plus que comme résidu fantomatique dans la partie la plus arriérée [...] de la bourgeoisie française.". Ce que confirmait d’ailleurs Jacques Attali, fin 2009 au quotidien israélien Ha’Aretz : à la question N’y a-t-il pas un problème antisémite en France ?, il répondait "Non, il n’y a aucun problème. Affirmer le contraire est un mensonge, un pur mensonge. Il y a évidemment des antisémites, dont certains sont très connus, mais ce n’est pas un problème d’ampleur nationale."
Ce qui pose problème, comme disent les journalistes dans leur jargon actuel, c’est l’amalgame sur fond de conflit israélo-palestinien... Dans cette affaire, les mots ont donc toute leur importance !

En effet, "Israël se définit comme un État juif, ce qui produit une sorte de fusion entre le mot juif et la pratique gouvernementale israélienne. Il était moins confus de parler, comme ce fut un moment le cas, de l’État hébreu. La fusion entre le nom que se donnent les membres d’une diaspora historique présente dans des dizaines de pays et le nom d’un État du Proche-Orient est importante sur le plan symbolique : les jeunes dont il est question entendent que ce qui se passe là-bas, c’est l’État juif qui en porte la responsabilité. Et entre État juif et État des juifs, il y a au moins une ambigüité, entretenue par le fait que l’État hébreu se proclame l’État des juifs du monde entier. Il faut une certaine maîtrise des nuances de la situation réelle pour savoir que de très nombreux juifs ne considèrent pas du tout cet État comme leur État."

 

Voilà, c’est dit ! Une fois encore, tout comme pour le CRIF qui ne représente que lui-même et les intérêts sionistes, mais en AUCUN CAS tous les juifs de France, la parole est confisquée et l’amalgame imposé ! Car, oui, la grande majorité des juifs, de France comme du monde, soit ne se reconnaît en rien dans la politique xénophobe et radicale d’Israël, soit n’adhère à aucun groupe civil ou politique voire, s’il en est, ne possède aucune audience puisque ce sont les mêmes qui monopolisent la parole médiatique.

D’ailleurs, aux États-Unis d’Amérique l’on ne se cache plus, on parle ouvertement de lobby juif et/ou sioniste, quand on France on vous menace des pires choses si vous prononcez ce mot. Car il y a, en effet, un lobby et un pouvoir entre les mains d’une certaine engeance juive qui s’est accaparée toutes les arcanes des médias - à de très rares exceptions, dont Daniel Mermet fait figure de proue avec son émission Là bas si j’y suis sur France Inter, d’ailleurs le seul à avoir parlé de ce livre et accueilli nos deux auteurs -, il est donc grand temps que la majorité silencieuse soit mise en lumière.
C’est le but de ce livre, de dénoncer la manipulation et d’œuvrer pour que la vérité soit dite et comprise.

Il était urgent de briser les tabous, surtout à l’approche de 2012, année électorale qui allait nous déverser son lot d’immondices et voir le débat se radicaliser à l’extrême dans la droite ligne de la montée du FN. Alors, faut-il ouvrir le couvercle de cette marmite qui bout depuis des années, notamment dans nos banlieues stigmatisées ? Certainement, car cela n’a que trop duré ! Déjà, en 2004, l’on a failli franchir le Rubicon avec le rapport Rufin (commandé par le ministère de l’Intérieur) qui, en assimilant l’antisionisme radical à un antisémitisme par procuration, préconisait une loi qui pénaliserait la critique d’Israël. Le même Rufin qui fut après (gage de bonne conduite ?) ambassadeur de France au Sénégal (tout en conservant, au mépris de la loi, son poste d’administrateur à FranceTV pour faire pencher la balance lors des votes difficiles), le même donc qui lorgna par la suite sur la présidence de France24 (pour mieux museler la rédaction ?). Tout cela en dit long sur la manière dont les coquins gouvernent le pays...

Il suffit de semer la méfiance et l’hostilité envers la jeunesse populaire, noire et arabe - et ceux qui la soutiennent. Car l’usage du mot antisémite, outre son extrême violence, est celui qui a le moins de rapports avec la réalité du moment : ce n’est qu’une opération politique qui, comme ce fut le cas dans l’histoire française, croisent des questions internes en utilisant des figures externes de type colonial ou impérial. Le but étant de convaincre les esprits qu’il y a une unité entre le soutien à Israël (face à la barbarie intégriste arabe) et la lutte contre les jeunes barbares des banlieues (sic)... 

Et le plus insupportable est l’ajout d’un ingrédient diabolique que le propagandiste n’hésite pas à pratiquer : "Cet ingrédient, dont l’instrumentalisation est proprement honteuse surtout à l’égard des morts, est celui de l’extermination des juifs d’Europe par les nazis. Le propagandiste s’en sert comme d’une sorte de brouillard jeté sur les trois axiomes entièrement fallacieux qui sont les siens, à savoir : juif = État d’Israël, palestinien = intégrisme musulman, jeune des banlieues = intégrisme musulman. L’accusation d’antisémitisme, et donc de complicité mentale avec les nazis, est construite à partir du brouillage de ces trois inepties par le pathétique génocidaire, pourtant complètement extérieur à tout ce dont il est question."

Avec l’ultime danger : à force de galvauder le mot et sa signification, à terme, il y a le risque de faire le lit des antisémites, les vrais, qui n’en demandent pas tant. Surtout venant de la part... de juifs.
À jouer avec le feu, on finit toujours par se brûler les doigts.

 

François Xavier

 

Alain Badiou & Eric Hazan, L’antisémitisme partout - Aujourd’hui en France, La fabrique éditions, janvier 2011, 60 p. - 10 €

4 commentaires

on dirait du Alain Soral...

Remarquable intervention qui ne manque pas de sel, Proutch : et sur quelle base un tel raisonnement se construit-il ?

grave, Proutch, autant je pense que les auteurs de La Fabrique sont irréprochables, autant je trouve que le vocabulaire de cet article est pour le moins tendu.

bien sûr que ce discours pose parfois problème.
bien sûr que les émissions de Mermet et les livres de la Fabrique sont parfois problématique.
comment reprocher à Israël d'être un état juif alors qu'il a été que pour être un état juif  comme refuge éventuel pour des juifs chassés des pays arabes ou d'ailleurs.
bien sûr que parler d’apartheid dans un pays créé dans la seule intention où les juifs puissent ne pas représenter une minorité c'est stupide.
bien sûr que la fixation de certains sur Israël et de leur volonté de faire de ce conflit la clé de voute du bonheur terrestre est tellement débile qu'elle ne peut que poser problème.
comme si les 22 pays arabes qui entourent Israel étaient tous des modèles de tolérance et d'amour du prochain : le premier qui écrira un livre sur ce thème se fera massacré.
bien sûr que dire comme Traverso dans son dernier que les vrais juifs, les juifs modernes sont des juifs qui comme Freud, Marx, Spinoza ou Arendt sont sortis du judaïsme, comment ne pas parler d'antisémitisme alors que dire qu'un vrai juif est un juif qui a décidé de ne plus être juif est la définition même de antisémitisme.
comment ne pas penser à l'antisémitisme dans cette obsession du juif et d'Israel alors que pendant ce temps les mêmes se foutent totalement du sort des syriens et d'autres : l'antisémitisme a toujours été une affaire obsessionnelle.
bien sûr que procéder à un renversement rhétorique où on passe de l'antifascisme à l'islamohpobie, de l'islamophobie à l'impérialisme américain, puis au sionisme pour en arriver à dire que l'antifascisme aujourd'hui aboutit logiquement à la volonté d'éradiquer cet état d'Israel qui n'est pas plus grand que la Belgique est un raisonneent totalement glauque, les gens qui le tiennent (Badiou, Negri, Traverso...) sont des gens totalement glauques.  
bien sûr que même tous ne sont pas antisémites, on connait tellement cette histoire, qu'il ne faut tout de même pas prendre tous les gens pour des crétins.  
bien à vous.