Anise Koltz, la somnambule francophone
Tiraillée par les ambiguïtés des émotions, Anise Koltz subit parfois sa poésie, plus qu’elle ne l’invente, avouant dans sa préface que sitôt une phrase écrite, elle est comme désorientée, et n’a qu’une envie : écrire le contraire. Sa poésie sera donc à double vantaux, comme ces portes de saloon que l’on pousse à la volée, jaillissant dans l’antre ainsi révélé, sans savoir où l’on met les pieds mais avec la ferme intention d’y aller, d’y demeurer quoi qu’il en coûte.
Rien à perdre, tout à gagner ; l’aventure est à ce prix.
Anise Koltz prendra donc position face au monde qui l’entoure, politiquement incorrecte parfois, faisant fi de cette mentalité actuelle du bisounours et ciselant ses vers très courts et rythmés dans une recherche d’efficacité. L’impact à la lecture est presque aussi fort qu’un haïku ; chaque mot est à sa place.
TOUT PERDRE
Aimer
c'est être mortel
et lutter contre
avec toi
pénétrer dans ta chair
en nageant
m’y mordre
et me posséder
tout perdre
pour continuer
à vivre
dans une peau
humide et calme
comme une grotte
La langue est sacrée, on doit la protéger car elle doit illuminer le monde…
Anise Koltz nous révèle que l’après, même dramatique, recèle une place pour que le désir s’épanche et s’élève derechef, soit dans le soulèvement de la discorde, soit dans la continuité d’une ambition. Debout, toujours.
François Xavier
Anise Koltz, Somnambule du jour – Poèmes choisis, Poésie/Gallimard, janvier 2016, 256 p. – 8,10 €
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TOUT PERDRE
Aimer
c'est être mortel
et lutter contre
avec toi
pénétrer dans ta chair
en nageant
m’y mordre
et me posséder
tout perdre
pour continuer
à vivre
dans une peau
humide et calme
comme une grotte....tres Beaux.